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Perspective systémique de la stratégie eHealth en Suisse
Friday 27 February 2009
by Raymond Morel
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Working Paper : Perspective systémique de la stratégie eHealth en Suisse

Dr. Michel Roulet, Membre individuel de l’Académie suisse des sciences techniques (SATW), responsable des activités eHealth et membre de la Commission ICT (tmi-roulet@freesurf.ch)

To download the full paper :

http://www.ict-21.ch/com-ict/IMG/doc/eHealth-SATW-Working-Paper_MRRM.doc

1. Introduction

Le Conseil fédéral a décidé en janvier 2006 que les deux priorités de la stratégie de la Société de l’information en Suisse sont la cyberadministration (e-gouvernement) et la cybersanté (eHealth).

La priorité eHealth a conduit le Conseil fédéral a accepté ensuite le 27 juin 2007 le Rapport stratégie eHealth élaboré par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Un des objectifs intermédiaires est d’avoir en 2012 des services opérationnels online via Internet. L’objectif final est l’accès au dossier médical d’un patient avec une carte santé (ou carte patient) en 2015. A juste titre il a été considéré que des informations médicales mises à jour et disponibles en temps réel 24h/24 et 7j/7 sont essentielles pour prendre, rapidement et de manière bien fondée, des décisions d’ordre médical et permettre des prestations de soins de qualité. Ceci se justifie également par le fait que l’environnement sanitaire est devenu dynamique : mobilité croissante des patients et des individus, ainsi que des professionnels de la santé. Indépendamment de l’endroit où ses personnes se trouvent et de l’endroit où les données médicales sont conservées, il apparaît dès lors essentiel pour un système de santé de qualité de rendre possible l’accès, depuis n’importe où et à tout moment, mais avec des droits d’accès contrôlés, aux informations médicales permettant de prendre les meilleures décisions médicales possibles et de fournir des prestations de soins de qualité à un prix acceptable. Cependant, de nombreux lecteurs du rapport de l’OFSP ont été surpris de constater que les remarques et commentaires formulés dans le cadre de l’audition publique de la stratégie n’aient pas été pris en compte dans le rapport final soumis pour approbation au Conseil fédéral. De nombreux commentaires émanant de divers milieux faisaient état du manque de réalisme des étapes proposées et de l’absence d’évaluation des coûts impliqués et s’étonnaient que ce soit le cas étant donné les enjeux de la réforme visée et l’envergure des changements à faire.

Une des premières conséquences de l’acceptation de la stratégie eHealth a été la mise en place dès janvier 2008 d’un Organe de coordination eHealth entre la Confédération et les cantons. Cet organe, présidé par le Chef du département de l’intérieur et doté d’une infrastructure légère, s’appuie sur des personnes faisant un travail de milice dans le cadre de six projets partiaux lancés en avril 2008. L’industrie n’est pas associée à ces travaux, cependant elle s’est constituée en groupe d’intérêt industriel (IG eHealth). Ce dernier sera mis au courant des résultats, mais il n’a pas de pouvoir de décision ou de consultation.

Au niveau européen, eHealth est considéré comme un sujet d’importance majeure qui fait l’objet d’un plan d’action très élaboré et de soutiens par l’intermédiaire des programmes cadres de recherche FP6 et FP7. La Commission européenne prévoit pour 2010 que le 5% des budgets nationaux du domaine de la santé sera investi dans des systèmes électroniques et des services de santé. Plusieurs pays ont définis des plans ambitieux, par exemple le Danemark, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche et la France. Ainsi par exemple, le Plan de développement « France numérique 2012 », paru en octobre 2008, prévoit que la carte santé sera disponible en 2012.

L’Académie suisse des sciences techniques (SATW), en collaboration avec l’Académie suisse des sciences médicales (SAMW), a conduit depuis plusieurs années différents travaux dans le domaine eHealth.


2. Quels sont les points faibles de la stratégie ?

Bien qu’il existe une stratégie eHealth approuvée par le Conseil fédéral en juin 2007, on constate qu’il existe beaucoup de confusion dans différents milieux. Elle est certainement en grande partie due au fait que beaucoup de personnes qui s’expriment publiquement n’ont pas encore vraiment compris les enjeux de la modernisation du système de santé liés à la maîtrise des prestations médicales de qualité à un coût acceptable pour la société. Il en est de même concernant l’innovation fondamentale qu’apporte l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les relations en réseau des patients et des médecins. Cela explique en grande partie qu’on rencontre un certain scepticisme concernant l’avenir d’eHealth en Suisse.

Le manque de clarté de la stratégie a des implications. Aujourd’hui dans les travaux qui sont en cours de réalisation, on confond souvent les buts et les moyens. L’accent porte sur la mise au point de moyens, alors que les besoins et les avantages ne sont que superficiellement analysés. La technologie n’est en réalité qu’un moyen qui doit permettre aux médecins et aux autres prestataires de soins de mieux assumer les responsabilités qui leurs sont confiées. Cela implique évidemment qu’ils soient associés de très près et très tôt à la mise en œuvre d’eHealth, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. En effet, on constate que les spécialistes en informatique médicale occupent le devant de la scène. Les patients et les individus devraient être comme on le prétend au cœur de la démarche. Mais le sont-ils vraiment ? Non, aujourd’hui ils sont, d’ailleurs tout comme les prestataires de soins, marginalisés. La tendance qui n’a fait que se confirmer est que le patient va progressivement évoluer grâce à eHealth en un patient bien informé, qui sera coresponsable de sa santé et des décisions médicales le concernant. Le patient, qui juridiquement est souverain par rapport à ses données médicales, sera dans un futur proche un patient qui va enfin avoir les moyens grâce à des technologies sûres de gérer les droits d’accès de tierces personnes à ses données médicales. Pour évaluer de manière complète l’impact d’eHealth et puisque les hommes ne sont pas des robots, les aspects comportementaux et sociaux doivent être pris en compte. Un système de santé modernisé et qui intègre les technologies de l’information et de la communication (ICT) ne sera jamais utile –aussi parfait soit-il- s’il n’est pas accepté par les patients et les donneurs de soins. Ceci montre qu’il faut également se soucier dès le début du déploiement d’eHealth des questions de sensibilisation et d’acceptation d’eHealth des différentes parties prenantes. Bref, il faut utiliser non seulement des compétences technologiques, mais aussi à ce qu’on appelle aujourd’hui des « soft skills », c’est-à-dire des compétences en sciences humaines et sociales.

Il est intéressant de noter que la mise en œuvre d’eHealth en Europe, aux Etats-Unis et au Canada est généralement beaucoup plus avancée qu’en Suisse. Cette démarche étant complexe, on peut comprendre qu’elle rencontre souvent des difficultés. Après analyse de la situation dans plusieurs pays, des experts ont en tirer des conclusions, qui ont été présentées en 2007 dans le cadre d’une grand conférence sur les programmes gouvernementaux des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de la santé . En résumé, on peut citer :
i) au niveau planification

- une compréhension trop superficielle du système de santé ;

- un empressement exagéré (vouloir tout faire en même temps et trop vite, au lieu de procéder par étapes) ;

- une définition trop vague des bénéfices escomptés ;
ii) au niveau exécution

- la marginalisation des professionnels de la santé ;

- une allocation de ressources insuffisante par rapport aux objectifs poursuivis ;

- une mauvaise appréciation des besoins réels des médecins et de la valeur ajoutée que les changements doivent leur apporter si on veut éviter une situation de blocage.

Des conclusions de ces experts, il en résulte que le succès d’eHealth découle beaucoup de la manière dont les technologies de l’information et de la communication sont mises en œuvre plutôt que des technologies elles-mêmes. La Suisse ferait donc bien de s’en inspirer pour éviter de répéter les erreurs souvent faites ailleurs. 

Un autre aspect de la confusion existant en Suisse est lié au fait que d’une part la répartition des responsabilités en matière sanitaire entre la confédération et les cantons n’est pas du tout claire dans le domaine eHealth, et d’autre part qu’on n’a pas non plus défini qui paie quoi, si bien qu’on ne voit pas aujourd’hui comment l’adage « qui paie commande » sera appliqué. Les schémas traditionnels de cloisonnement liés au fédéralisme sont pris en défaut et il s’agit de mettre au point de nouveaux modes de collaboration adaptés aux buts poursuivis et qui ne soient pas contradictoires avec l’approche eHealth. Dès lors, la construction de systèmes non interopérables entre les cantons est à éviter. Les solutions doivent être coordonnées et harmonisées déjà au niveau de leur conception pour fonctionner à la satisfaction des utilisateurs, bien utiliser le potentiel considérable d’eHealth et éviter de gaspiller l’argent public.

En résumé, une grande confusion apparaît à plusieurs niveaux : au niveau analyse (analyse fonctionnelle, analyse des processus, analyse financière et analyse de la valeur ajoutée), au niveau planification et au niveau exécution. Il en résulte que les rôles et les responsabilités des différentes parties prenantes sont mal définis, ce qui va immanquablement par la suite poser de sérieux problèmes opérationnels et constituer des sources de conflits. Pour pallier à ces problèmes, il faudrait développer une réflexion systémique visant à créer des conditions-cadres appropriées à la gestion des changements liés à la mise en œuvre d’eHealth et qui tiennent compte des différentes facettes de la réalité. Pour que les efforts et les investissements à faire convergent vers une solution suisse unique et compatible avec la responsabilité des cantons en matière sanitaire, il ne s’agit pas d’émettre des recommandations, mais plutôt de prendre des décisions de manière urgente. Dès lors, on est amené à penser qu’il faut dans l’intérêt général définir en Suisse une autorité habilitée à imposer, après que des discussions consensuelles aient eu lieu, une base claire permettant de garantir aux citoyens le bon fonctionnement d’eHealth en Suisse et d’améliorer ainsi le rapport qualité-coût des prestations. L’existence d’une loi fédérale en matière de santé produirait un effet de levier important pour le déploiement d’eHealth. Cela donnerait une impulsion bienvenue pour créer la collaboration nécessaire entre les parties prenantes et permettre ainsi de faire un succès d’eHealth.

Pour garantir que le patient est souverain concernant ses données médicales, il est nécessaire que la loi sur la protection des données soit examinée pour s’assurer que le citoyen est effectivement protégé. Les conséquences pratiques pour le domaine eHealth sont en particulier à tirer. Les points communs et les points différents par rapport à la stratégie e-gouvernement de la Suisse n’ont jusqu’à présent pas été analysés.

Dans le paysage suisse on peut noter qu’il y a un volume significatif d’activités technologiques, ce qui dénote un fort intérêt et également la volonté d’aller de l’avant. Cependant ces activités ne sont pas coordonnées. En effet, on observe une détermination à agir sur une micro-échelle comme le montre la réalisation de toute une série de projets cantonaux, mais qui ne sont pas coordonnés et qui visent des buts différents sans vision globale. Ces buts sont définis dans un contexte local, ce qui est le reflet de la souveraineté cantonale en matière sanitaire.

L’effort de numérisation des données médicales qui a été entrepris en Suisse est considérable et peut se justifier par rapport à des besoins spécifiques locaux compréhensibles de documentation et d’archivage exhaustifs. Cependant ces besoins ne sont pas en adéquation par rapport aux besoins d’eHealth limités en quantité. En effet le dossier patient informatisé est constitué d’informations épurées, sans ballast, donc limitées en quantité, mais structurées et de qualité, puisque le concept se base sur l’accès et l’échange uniquement d’informations nécessaires à la prise de décisions médicales.


3. Accorde-t-on assez d’importance à la valeur ajoutée au système de santé par eHealth?


On peut affirmer que la raison d’être d’eHealth peut se résumer en la mise en réseau des acteurs et la mise à disposition en temps réel depuis n’importe où et n’importe quand (24h/24 et 7j/7) des données médicales pertinentes par rapport à la prise de décision médicale. Cependant, il est légitime de se demander à quoi sert vraiment eHealth pour les patients, les médecins et les autres prestataires de soins. Quels sont les vrais besoins ? Quels sont les bénéfices et les avantages attendus ? Ces questions méritent d’être étudiées en détail.

eHealth n’est pas simplement un moyen parmi d’autres pour aider le système de santé à mieux fonctionner pour satisfaire les attentes des parties prenantes. En effet eHealth représente un changement de paradigme, car comme mentionné ci-dessus de nouvelles fonctionnalités sont offertes : par exemple, accès et transfert en temps réel 24h/24 et 7 jours/7 d’informations essentielles pour fournir des prestations médicales de qualité et éviter des erreurs médicales ou des erreurs de prescription de médicaments, mise en réseau de compétences professionnelles complémentaires des donneurs de soins, obtention d’un deuxième avis médical pour étayer des décisions importantes, continuité de la surveillance médicale et des soins à donner entre les diverses instances et organisations médicales (médecins, hôpitaux, établissements de convalescence, établissements médicaux-sociaux). Chacune de ces fonctionnalités correspond à un levier de valeur ajoutée.

D’autre part, eHealth change la relation entre le soignant et le patient, notamment puisque ce dernier est en mesure de contrôler les droits d’accès par Internet à toute ou partie de ses données médicales se trouvant dans un dossier santé virtuel.

Au niveau du patient, le fait de pouvoir gérer sa sphère privée lui confère une position différente dans ses rapports avec les prestataires de soin. En étant lui-même mieux informé, il est ainsi en mesure d’avoir une attitude plus responsable par rapport à sa santé et de participer aux décisions médicales le concernant en agissant comme partenaire du médecin. La valeur ajoutée est ainsi énorme également au point de vue humain.

Au niveau des professionnels de la santé, l’accès en temps réel, depuis n’importe quel ordinateur, aux données médicales pertinentes par rapport aux décisions médicales et la possibilité de travailler en réseau en échangeant des données médicales, constituent un progrès essentiel pour donner des prestations de soins avec une qualité et une efficacité augmentées. Dans des situations d’urgence cette manière de travailler permet de sauver des vies humaines.

Du diagnostic à la guérison, les prestations de soins représentent d’habitude un long enchaînement d’opérations, l’utilisation d’eHealth constitue un moyen puissant pour augmenter la valeur ajoutée de la chaîne correspondante. Mais pour tirer le meilleur parti du potentiel considérable offert par eHealth, il faut se rendre compte que les nouvelles possibilités de travailler, obtenues en intégrant les technologies de la communication et de la télécommunication dans le système de santé, nécessitent d’être analysées en détail. Les critères de choix des solutions dégagées après cette analyse doivent tenir compte des besoins et des avantages qui émanent des solutions. Tous les changements qui sont faits doivent contribuer directement ou indirectement à améliorer l’efficacité et l’efficience du système de santé, à augmenter la qualité des soins et la sécurité du patient par rapport aux risques d’erreur. Ces risques peuvent être dus, par exemple, à l’utilisation de données médicales non mises à jour ou à des interactions entre différents médicaments prescrits par des médecins différents, qui n’ont pas accès à l’ensemble des données concernant leur patient, ou encore à des points faibles du système sanitaire actuel.

Les nouveaux processus mis en œuvre dans le contexte d’eHealth entraînent aussi une augmentation de la valeur ajoutée par chacun des intervenants et donc produisent une augmentation de la valeur ajoutée globale, lorsqu’ils s’enchaînent de manière logique. Cette manière de voir les choses est absolument standard dans d’autres domaines et est déjà appliquée avec succès dans différents secteurs industriels de notre société.

Il faut relever que la valeur ajoutée par le dossier patient, dont l’accès se fait avec une carte patient, est indéniable et considérable : c’est la raison pour laquelle le dossier patient (ou dossier santé) constitue la pierre angulaire de la stratégie eHealth.


4. Quels autres aspects devrait-on examiner de manière urgente ?


Le système de santé coûte en Suisse plus de 55 milliards de francs par an . Malgré ce montant considérable, diverses voix se sont faites entendre ces dernières années pour dire qu’il était en crise et qu’il fallait le moderniser. Son économicité est mise en question non seulement en Suisse, mais aussi par l’OCDE dans un récent rapport. Chaque réforme à un coût et il en est de même de celle du système de santé. Avant de se lancer de manière désordonnée et sans se concerter dans la mise en œuvre d’eHealth, il serait raisonnable d’estimer les coûts d’infrastructure, ainsi que les coûts opérationnels directs et indirects. Il faut avoir le courage de mentionner qu’aucune estimation de l’enveloppe financière correspondant à l’atteinte des objectifs de 2015 définis par le Conseil fédéral n’a été réalisée à ce jour. Aucune proposition de répartition des coûts entre les cantons et la confédération n’a été faite. Il semble que des partenariats privé-public (PPP) devraient être possibles, encore faut-il que les choses, notamment les conditions-cadres, soient suffisamment claires pour que les milieux industriels fassent des investissements et que les perspectives de retour sur investissement soient bonnes. La confédération et les cantons sont certainement le mieux placés pour mettre en place des solutions comprenant des mécanismes d’encouragement et d’incitation pour stimuler ces partenariats pour introduire eHealth à grande échelle.

D’autre part, il faut tenir compte de la mobilité croissante des citoyens qui est liée aux activités professionnelles et aux loisirs. Dès lors, la question de l’eurocompatibilté entre CH et EU/CE est très importante. Il s’ensuit qu’il faut reprendre les principes définis au niveau EU pour assurer que l’interopérabilté technique d’eHealth est réalisée.

Un autre point restant à examiner touche la préparation et la définition au niveau applicatif de lignes directrices contraignantes, de guidelines et de Best practices concernant l’implémentation pratique sur le terrain de ce qui sera décidé au niveau fédéral, par ex. concernant les normes. Il faudrait en particulier s’assurer qu’il y a une approche cohérente concernant les conséquences pratiques et les moyens à mettre en œuvre pour garantir un accès sécurisé aux données médicales. Les solutions techniques à mettre en œuvre (carte d’assurance, carte patient, Health Professional Card (HPC) développée par la FMH, ou signature numérique comme alternative à la carte d’assurance) doivent donc être choisie de manière à avoir une convergence technologique et à éviter un gaspillage des ressources.


5. Conclusion

Il apparaît clairement qu’il reste à faire un travail de réflexion et de conception pour avoir en Suisse un cadre et des conditions aux limites claires pour implémenter eHealth avec succès en minimisant les risques connus qui ont été décrits déjà en 2007 dans la conférence internationale mentionnée ci-dessus. Il reste aussi à faire un travail de réflexion et de conception pour garantir la sécurité des patients et minimiser les risques d’erreur.

Il est essentiel de ne pas perdre de vue qu’il faut répondre à la double question générale concernant la mise en œuvre d’eHealth : Que faut-il faire pour couvrir les besoins des utilisateurs et que les patients en profitent ? La réponse à cette question a une influence déterminante sur l’acceptation et l’utilisation abondante et systématique d’eHealth dans notre pays.

Le contenu et la structure du dossier patient, qui est le but final pour 2015 de la Stratégie eHealth du Conseil fédéral, doivent être définis de manière unique au niveau suisse aussi bien au point de vue qualitatif que quantitatif. Des critères de qualité doivent être définis pour éviter de la sous-qualité ou de la sur-qualité. Des règles de gouvernance devront être élaborées.

Les conditions d’accès aux données médicales doivent être définies de manière uniforme en Suisse. Les données médicales détaillées doivent être stockées à l’endroit où elles sont générées. Seule une partie de ces données, concernant les données pertinentes par rapport à la prise de décisions médicales, doivent être stockées dans une mémoire centralisée. Le transfert à partir de cette mémoire centralisée doit être possible pour toute personne disposant des droits d’accès à ces informations.

Pour faire un succès d’eHealth en évitant les erreurs faites à l’étranger, il s’agit en résumé de réussir à supprimer la confusion qui apparaît à plusieurs niveaux : au niveau analyse (analyse fonctionnelle, analyse des processus, analyse financière et analyse de la valeur ajoutée), au niveau planification et au niveau exécution. Cette base de travail et de décision étant clarifiée, les différentes parties prenantes pourront agir comme partenaires et elles seront en mesure de définir les conditions-cadres permettant de résoudre de manière satisfaisante l’ensemble des problèmes. Les questions d’investissements et d’incitations financières ou autres pourront alors être résolues plus facilement, la confédération et les cantons jouant le rôle de promoteurs de solutions novatrices.

Ce document est original dans le sens qu’il analyse la structure des relations dans laquelle les éléments qu’on étudie forment un système et non les éléments pris séparément. Plusieurs aspects, dont l’importance est aujourd’hui sous-estimée par les instances officielles en charge d’eHealth, ont été relevés. Cette perspective systémique est à considérer comme une contribution pour faciliter l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans notre système de santé. Il est souhaité que la publication de ce document de travail, joue un rôle utile de catalyseur pour les milieux concernés en les aidant à consolider dans une perspective systémique les bases nécessaires au succès de l’implémentation d’eHealth en Suisse.

Ce document a été présenté à la séance du 5 février 2009 de la Commission ICT de l’Académie suisse des sciences techniques (SATW).

 
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