Réaction auprès de la rédaction du journal Le Temps le 30 novembre, après avoir pris contact avec le journaliste.

 

Pour une (in)formation de qualité

 

Votre article du 23 novembre intitulé  « Genève est le cancre de la Suisse pour l’apprentissage » est consternant, léger et peu professionnel.

Peu professionnel, car vous vous êtes contenté de la documentation de la conférence de presse de la CCIG[1] le 22 novembre (information produite pour cette réunion et on sait comment cette information est construite en fonction des buts visés – ici comme chausse-pieds pour le séminaire de l’après-midi auquel vous n’avez pas assisté).

Léger, car sur cette base vous vous êtes permis de rapidement tartiner (on aurait dit une tartine au cenovis qui déborde) sur les comparaisons Suisse alémanique – Genève, alors que le contexte culturel est complètement différent. Cela vous justifiait un titre accrocheur et négatif pour répandre votre sinistrose. Et voilà la « soupe tiède » dont parlait J. Pilet dans un de ses derniers éditoriaux (« Des journaux pourquoi faire ?).

Consternant, car vous continuez à relayer la morosité et le pessimisme en vous attardant sur les constats expliqués par vos propres représentations, pourquoi ne pas insister sur la belle brochette de propositions d’améliorations contenues dans ce fameux rapport. ? Alors que si …. ? vous aviez fréquenté le séminaire de l’après-midi avec les nombreux intervenants de qualité, vous auriez entendu un autre fonds de commerce plus large, plus diversifié et coloré, fort intéressant, moins morose et surtout fourmillant d’aspects positifs :

       les deux principaux auteurs du rapport

       •les quatre intervenants de la table ronde ainsi que son modérateur

       •le point de vue du Conseiller d’État en charge de ce dossier

       •les questions auxquelles il fut soumis et ses réponses particulièrement équilibrées et lucides

       •la synthèse du CEO d’un des sponsors du rapport.

Ainsi, vous n’auriez pas pu écrire un pareil texte insipide et biaisé et vous auriez dû trouver un titre plus motivant et engageant devant tant de bonnes idées, de réjouissantes constatations et d’utiles partenariats existants. Vous auriez aussi pu et dû expliciter les prérequis qui ne se trouvent pas dans votre texte pour que Genève reste ou devienne un pôle d’excellence pour la formation au bénéfice de l’économie. Un conseil pour le bien de vos lecteurs : faites-moi plaisir en demandant au CCIG l’enregistrement de cette après-midi mémorable (il existe et reste à votre disposition) pour rédiger une deuxième version de cette problématique qui ne se cantonne pas uniquement à l’apprentissage d’ailleurs, les dizaines de milliers de diplômés universitaires manquant (en informatique notamment) à moyen terme étant autrement inquiétant .

 

Raymond Morel

Membre de l’Académie suisse des Sciences techniques

 



[1] CCIG : Chambre de commerce, d’industrie et de services de Genève