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Un livre donne les recettes pour doper l’innovation en Suisse

Anouch Seydtaghia   Le Temps du 5 septembre 2015

Le conseiller national Fathi Derder (PLR/VD) publie un ouvrage listant les problèmes à régler pour que la Suisse crée davantage de multinationales

«La Suisse va trop bien. Soit on se réveille, soit on redevient un pays pauvre.» Dès les premières pages de son livre, Fathi Derder donne le ton. Le conseiller national vaudois PLR, candidat à sa réélection en octobre et chroniqueur dans Le Temps, publie ce mercredi un ouvrage intitulé Le prochain Google sera suisse (à 10 conditions). «A ma connaissance, dit-il, aucun travail de recensement des mesures à prendre pour créer un véritable champion national, voire européen, n’avait été réalisé. Il est capital que notre pays puisse continuer à créer des multinationales, ce sont elles qui tirent en avant nos PME.»

Fathi Derder pointe du doigt plusieurs problèmes: «Le capital-risque manque cruellement en Suisse, et il vient en général de l’étranger. Nous n’investissons plus dans l’avenir du pays.» Il cite un chiffre: selon le rapport 2015 de l’Association européenne du capital-risque, les levées de fonds des «venture-capitalists» basés en Suisse sont en baisse: 70 millions de francs en 2014, contre 209 millions en 2012. Au chapitre consacré à la facilité de créer une entreprise du Global Innovation Index (qui consacre chaque année la Suisse championne de l’innovation), la Suisse est 67e, entre la Pologne et le Cap-Vert, remarque le conseiller national.

Pour Fathi Derder, il y a urgence à agir. «Il ne faut pas laisser les Américains ou les Asiatiques prendre trop d’avance. Tout va plus vite. Il y a peu, il fallait quinze ans pour créer un géant dans un domaine. La numérisation, qui touche tous les domaines, a ramené ce délai à sept ans.» Le politicien liste dix conditions pour que le prochain Google soit suisse, dont «attirer les meilleurs talents», «doper le capital-risque et le financement privé de PME» et «simplifier la création d’entreprises et leur financement». Selon lui, les caisses de pension devraient être encouragées à investir des centaines de millions de francs, voire des milliards dans des start-up et des entreprises plus confirmées.

A la racine

Son discours sera-t-il entendu? «Je l’espère. Le problème, c’est que beaucoup de monde a conscience qu’il y a des problèmes pour le soutien aux entreprises, mais que tout le monde, ou presque, se dit que ce n’est pas si grave et que cela peut être résolu au cas par cas. Cela ne suffit plus, il faut traiter ces problèmes à la racine», conclut l’auteur.

 

Fathi Derder aimerait que la Suisse double Google

Parlement  Le Vaudois, qui joue sa réélection au National, publie un livre pour réveiller la Suisse qui dort. Portrait. TdG, Par François Modoux 04.09.2015

«La Suisse doit défendre son budget de la recherche aussi fermement qu’un pays en guerre son budget militaire.» Ancien journaliste de radio converti à la politique fédérale, Fathi Derder a le talent pour les raccourcis parlants. On en trouve à la pelle dans le livre qu’il publie en pleine campagne électorale. Le conseiller national vaudois relaie, en les vulgarisant, les recettes espérées par les start-up et les acharnés de l’innovation technologique. Dans Le prochain Google sera suisse (à dix conditions), Derder plaide pour que la Suisse prenne «enfin» au sérieux la nouvelle économie et la soutienne franchement.

Lobbyiste des start-up à Berne, indéfectible avocat de l’EPFL et de son président, Patrick Aebischer, Derder joue sa réélection. Quatre ans après son entrée au parlement fédéral, il reste un animal hors sol et mal-aimé dans sa formation, le Parti libéral-radical vaudois. Il n’a rien fait pour qu’il en aille autrement. Snobant les cénacles où se tricotent les décisions, boudant les congrès où s’expriment les militants et ne perdant pas de temps à aller serrer les mains dans les cantines et les salles communales, il est resté fidèle à lui-même: irrévérencieux avec les rites de la vie politique cantonale, qui l’ennuie. Il sait que son nom sera souvent biffé sur la liste PLR.

Un style bling-bling

Ce risque assumé l’oblige à aller pêcher hors de sa famille les voix nécessaires à un bail renouvelé à Berne, où il entend poursuivre la tâche qui le fait vibrer: promouvoir l’innovation technologique, «décisive pour forger la Suisse que nous laisserons à nos enfants». Le livre participe de cette stratégie. «Je l’ai écrit à l’arraché, il est sans doute imparfait», glisse Fathi Derder. L’as de la communication reprend aussitôt le dessus: «L’innovation, tout le monde est pour. Mais c’est fou comme les politiciens en ignorent les ressorts.»

Sitôt élu au National, Derder avait envoyé valser les amis qui lui recommandaient de se profiler dans des domaines émotionnels, régulièrement à la une des médias. Fasciné par les géants américains de la nouvelle économie, il a préféré labourer le terrain des nouvelles technologies, matière aride et éloignée du quotidien des Suisses mais où il se sent à l’aise. Conséquent, il s’est donné une force de frappe avec Le Réseau, une association endormie qu’il a ressuscitée et convertie, grâce à quelques sponsors, à la défense des start-up romandes.

Impertinent à ses débuts, quand il moquait les acteurs du bocal fédéral qu’il venait de rejoindre, il a un peu mis la pédale douce. Sans renier son style aux antipodes des mœurs helvétiques: bling-bling, vif et corrosif. «Sûr de lui jusqu’à l’inconscience», a ironisé un jour la NZZ.

«C’est un libéral-radical fiable et utile pour sceller des compromis»

Il y a un autre Derder, souvent sous-estimé. Le Vaudois a vite appris à travailler efficacement dans son domaine de prédilection. Ceux qui le côtoient à la Commission de l’éducation, de la science et de la culture (CSEC) témoignent de son aisance à jongler avec les concepts financiers et fiscaux de la nouvelle économie. Cela ne fait pas encore de lui une autorité nationale. Hors du sérail fédéral, il reste pratiquement inconnu en Suisse alémanique. Mais qui connaît ici le Vert zurichois Balthazar Glättli, très profilé outre-Sarine sur les mêmes sujets?

Un réseau personnel

Tous deux ont créé un groupe parlementaire pour défendre les start-up et la nouvelle économie. Le réseau romand tissé en peu de temps par Derder dans ce milieu particulier «force le respect» de son collègue alémanique. Le socialiste fribourgeois Jean-François Steiert, aussi membre de la CSEC, salue, lui, «un libéral-radical fiable et utile pour sceller des compromis, qui a compris que l’Etat a un vrai rôle à jouer dans la formation et la recherche». Ses 50 recettes en faveur de l’innovation sont d’ailleurs autant d’injonctions à une action de la Confédération. «Dans les limites de son rôle subsidiaire», précise Fathi Derder.

Parce que l’innovation est au cœur de l’économie verte, le Vaudois vote parfois avec les écologistes, ignorant les foudres de sa cheffe de groupe, la très orthodoxe Gaby Huber. En revanche, il apporte un soutien sans faille à Johann Schneider-Ammann, familier de l’industrie et de l’économie classique, et qu’il essaie d’initier au monde des start-up. Mais en sacralisant les dépenses de l’Etat pour la science et la recherche, Derder irrite les durs alémaniques de son parti, obsédés par les réductions budgétaires. Attention, avertit-il: «Nous ne sommes pas les meilleurs. La Suisse peut et doit faire mieux!» Et il prétend «réveiller les Suisses gavés à l’autosatisfaction». Les électeurs en jugeront le 18 octobre. (TDG) (Créé: 04.09.2015, 11h31)

 

Interview

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