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Créé le mardi 21 février 2017  |  Mise à jour le lundi 27 février 2017  Par Federica Minichiello  | f.minichiello@cursus.edu

Entre septembre 2015 et octobre 2016, le projet FuturEduc, initiative de la Fing et d'éducation & territoires, s’est aventuré dans le futur de l’éducation sous le double signe du numérique et de l’imaginaire.  

Un après-midi de 2015 j’avais participé à une de leurs réunions, pour une restitution de quelques scénarios de l’extrême: une école 99% à distance et hyper locale, s’inspirant de la série  « Le bus magique », qui assure l’interface avec les acteurs locaux.  Ou une école  basée sur les neurosciences, hyper technologique et fondée sur l’écoute de soi, avec des dispositifs portatifs de mesure et d’analyse de données corporelles et neurologiques.

Un an après, c’est le moment du bilan.

Après l’exercice prospectif, volontairement « de rupture », les acteurs du projet nous proposent des visions partagées du futur de l’école et des actions concrètes, réalisables tout de suite au sein même des établissements, sans attendre les temps (longs) d’une reforme d’un système éducatif.

Un pragmatisme en 9 actions

En bouleversant un peu l’ordre de présentation du rapport, voici les 9 actions  proposées:

  1. Plus de collaboration : dédier une demi-journée par semaine au travail collaboratif entre élèves, au-delà de la classe; les impliquer dans le fonctionnement de l’établissement et valoriser des investissements associatifs et extrascolaires. Parmi les sources d’inspiration : le travail de l’Office central de la coopération à l’école (OCCE) … et une que j’ajoute, le projet Erasmus plus Extrasup.
  2. Plus de projets : des projets pendant au moins six mois de l’année, au-delà de la classe voire de l’établissement, comme une cuisine pédagogique mutualisée entre plusieurs établissements scolaires, recouvrant toute la chaîne de l’alimentation, depuis l’agriculture et l’élevage à la vente et le recyclage… un autre exemple : le travail de la structure californienne Project H.
  3. Les données : former les élèves aux données au-delà de la protection de leur vie privée, afin qu’ils puissent les produire, les identifier et les utiliser correctement. Le rapport propose des ressources méthodologiques pour impulser cette démarche comme l’espace collaboratif Infolabs.io, School of Data, les ateliers d’initiation aux « data » de l’association Fréquence écoles, etc.
  4. L’école « boite à data » : déclencher une prise de conscience des acteurs de l’école vis-à-vis des données numériques produites par l’établissement et son environnement avoisinant, en commençant par un recensement de données, via une méthodologie comme Data Census de l’Infolabs.
  5. Des ressources éducatives numériques différentes : créer des résidences d’éditeurs scolaires au sein d’établissements scolaires, pour co-construire les ressources en collaboration étroite entre éditeurs, professeurs et élèves. Quelques idées : le projet REMASCO (réinventer les manuels scolaires) l’activité de l’éditeur indépendant Le livre scolaire , etc.
  6. Une matière à distance : laisser les élèves choisir, en début d’année, une matière qu’ils souhaitent apprendre à distance avec l’accompagnement de leur professeur, en définissant au préalable durée, moyens, suivi et modalités d’évaluation.
  7. L’école à distance, mais à proximité : tester une extension de l’apprentissage en alternance, un jour nomade par semaine qui permet à l’élève d’évoluer dans un environnement global d’apprentissage et de réaliser des parcours dans d’autres lieux comme les espaces de co-travail, les entreprises, les associations, les administrations.
  8. La différenciation pédagogique : tester un enseignement « différencié »  de quelques disciplines, dans des établissements volontaires,  à l’aide d’une plateforme numérique et de cartes des savoirs (plusieurs chemins possibles pour acquérir une compétence) avec un suivi élève par élève. 
    Ex. le projet  La cartographie des savoirs 
  9. La double certification : l’association de l’évaluation formelle avec d’autres formes de certification, des badges,  la recommandation et la réputation et l’appui aux élèves pour construire leur profil public, un CV évolutif qui les accompagne tout au long de leur parcours.

Des visions pour aller plus loin

En lien avec ces actions, le rapport propose trois visions, définies comme  « une transformation future d’une partie du système éducatif [..] à la fois ambitieuse et souhaitable » et des scénarios de transition pour y parvenir, d’ici 20 ans.

L’école engageante et ouverte
 

En plein dans « plus de projets », un jour par semaine est consacré à une création qui mobilise la communauté éducative et le monde professionnel, avec un tutorat dual (un enseignant et un professionnel). Les projets sont documentés et publiés, l’école gère et utilise cette base de connaissances.

Le ministère du travail et de l’économie établissent une politique d’ouverture réciproque entre monde professionnel et école, chaque entreprise libère 10% du temps de son personnel entraînant un afflux de ressources humaines supplémentaires vers l’école et des évolutions des postes actuels au sein de l’école. Mon préféré : le jardinier de talents.

L’école de l’autonomie

Un curriculum  défini par l’école et par le système éducatif, une loi qui modifie les attributions des chefs d’établissement. L’école s’appuie sur un système d’information global qui gère les tableaux de bord individuels, les travaux des groupes et le pilotage de l’établissement et sur un accès à des banques d’activités pédagogiques de type adaptatif,  qui exploitent les données de l’établissement et d'autres écoles en réseau. De nouveaux indicateurs sont imaginés, comme le climat de confiance, la collaboration entre professeurs et avec les familles.

Le lycée à mesure des élèves

Les élèves décident de l’articulation de leur parcours, un « socle commun » à leur rythme associé à des savoirs à la demande inusuels au sein de l’école comme l’astronomie, la psychologie, une gestion de matières rares en ligne et de nouvelles compétences de certification. L’élève dispose d’un espace personnel de publication, pour partager ses productions, ses compétences, ses évaluations ….  

L’histoire qui conduit à ce lycée sur mesure imagine un développement massif des écoles alternatives* qui finit par remettre en cause les diplômes(plus de baccalauréat en 2036) et, surtout, recentre le débat sur la finalité du système éducatif.

* En 2015, le hors contrat représentait environ 2% des établissements en France, 0,4% des élèves
(source : DEPP, 2016 et Les décodeurs).

 

Références

Rapport  « FuturEduc 2016. Imaginer l’école pour tous à l’ère numérique » http://reseau.fing.org/p/futureduc
Initiative de :
- la Fing :  http://fing.org/
- le cabinet de conseil Education et Territoires : http://www.education-territoires.fr/

Matériel pour réaliser un atelier “Scénarios extrêmes” (fiches, cartes, plateau et règle du jeu) : http://reseau.fing.org/file/group/162252/all#165237
(Dernière consultation : février 2017)