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Personne en masque à gaz portant un maïs

© D-Keine via Getty Images

Néosurvivalistes, preppers, décroissants… Do you speak fin du monde ?

Il y a 22 heures

Super-riches, super-pauvres, extrême droite, extrême gauche, libertariens, bobos prudents, ruraux avertis… ils forment un groupe étrangement hétérogène. Tous se préparent aux lendemains qui déchantent. La fin du monde, c’est pour bientôt ou c’est maintenant ? Ils veulent être prêts.

LES SUPER-RICHES DE LA SILICON VALLEY

Ils sont les méga-riches de la tech, ceux qui ont disrupté le « vieux monde » en jurant qu’ils allaient en construire un autre carrément meilleur. Fortune faite, à présent, ils flippent. De tout : catastrophes écologiques, astéroïdes, guerres nucléaires, germes meurtriers, cyberattaques… mais surtout ils craignent les laissés-pour-compte. Ils s’imaginent qu’ils vont venir les piller pour les avoir remplacés par des robots et des IA. Alors, ils s’organisent. Les uns creusent des bunkers, les autres s’offrent à l’autre bout de leur monde des villas sous haute sécurité. Parce que si tout doit cramer… ils sont bien décidés à rester les derniers.

À LIRE

Evan Osnos, « Doomsday prep for the super-rich », The New Yorker, 30 janvier 2017

Douglas Rushkoff, « Survival of the richest, Medium » , 5 juillet 2018

Olivia Carville, « The super rich of Silicon Valley have a doomsday escape plan », Bloomberg, 5 septembre 2018

LES SURVIVALISTES DE L’EXTRÊME

Pas de doute. Le survivalisme est une doctrine. Et elle sent le soufre. Formalisée à partir des années 60 aux États-Unis par Kurt Saxon, elle renoue avec l’esprit du Far West – avant la création de l’État – avant que la jeunesse ait été liquéfiée par le mouvement hippie. Depuis les années 70, Saxon prédit l'effondrement imminent de la civilisation et prévient que seuls ceux qui seront préparés survivront. En France, Alain Soral reprend le flambeau. Via son site Prenons le maquis, il propose des stages de survie, et commercialise – cher – des lampes à pétrole, des pioches pliantes, et des kits de couture… Enfin cela dit, depuis qu'il a été condamné à un an de prison pour injure et provocation à la haine raciale, le petit business de la fin du monde risque de moins bien tourner. 

LES PREPPERS NOIRS AMÉRICAINS

Ils ne savent pas ni où ni quand la catastrophe frappera. Ce dont ils sont certains, c’est que la prochaine se passera comme la précédente : ils ne pourront compter sur personne. Et surtout pas sur l’État. Ils égrainent les exemples : le scandale de l’eau contaminée à Flint, les ouragans Katrina, Maria, Harvey… et constatent. La communauté noire paye cher. Est-ce que ces catastrophes ont formé un mouvement ? Possible. En tout cas, désormais, les preppers noirs américains ne veulent plus se faire d’illusions. Eux aussi veulent être prêts.

À VOIR

Documentaire de la série « à suivre », Les survivalistes noirs, Netflix

LES SURVIVALISTES DU PROBABLE

Il s’agit moins de se préparer au pire du pire que de s’organiser pour être en capacité d’encaisser les chocs probables : maladie, chômage, endettement… « J'ai plus de chance d'être la victime d'une crise cardiaque ou d'un accident de la route que de me prendre un missile balistique intercontinental sur la tronche », rappelle Vol West, l’un des acteurs les plus visibles du mouvement, libertarien assumé. Le foyer devient une BAD – base autonome durable – et on se débrouille pour pouvoir fonctionner en autonomie et aux marges d’un système politique, social, économique qu’ils conspuent.

À VISITER

Facebook, Groupe RSF – mère

Le blog de Vol West, lesurvivaliste.blogspot.com

LES DÉCROISSANTS

Ici, on veut surtout changer de modèle. Ils ne veulent plus du capitalisme carnassier, de la croissance qui creuse les inégalités, de la surconsommation qui crame la planète, des diktats du marketing qui font passer des vessies à l’obsolescence programmée pour des lanternes magiques. Ici, il est moins question de survie que de permaculture, d’énergies vertes, d'habitats durables, de zéro déchet. On fait des stages pour retrouver le goût et les vertus des plantes sauvages et on s’échange sur Facebook des recettes cosmétiques au naturel. Mi-écolos convaincus, mi-quidams qui doivent juste gérer leur budget… à l’euro près.

À VISITER

Facebook, Gestion budgétaire, entraide et minimalisme

Facebook, Le Millefeuille ou Layering, Rituel de Beauté


À LIRE

Bertrand Vidal, Survivalisme, Arkhé, mai 2018


Cet article est paru dans le numéro 17 de la revue de L'ADN. On y parle des Tendances 2019. Si vous en voulez plus, rien de plus simple. Cliquez ici et commandez votre exemplaire.

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