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Tardif, M. et Desbiens, J.-F. (2014). La vogue des compétences dans la formation des enseignants- bilan critique et perspectives d’avenir. Québec- Presses de l’Université Laval

 

Nouveaux cahiers de la recherche en éducation

Tardif, M. et Desbiens, J.-F. (2014). La vogue des compétences dans la

formation des enseignants: bilan critique et perspectives d’avenir. Québec:

Presses de l’Université Laval

Jonathan Chevrier

Lire et écrire : les liens école-familles-communautés en contextes pluriels

Volume 17, numéro 2, 2014

URI : https://id.erudit.org/iderudit/1030892ar

DOI : https://doi.org/10.7202/1030892ar

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Éditeur(s)

Faculté d'éducation, Université de Sherbrooke

ISSN

1911-8805 (numérique)

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Citer ce compte rendu

Chevrier, J. (2014). Compte rendu de [Tardif, M. et Desbiens, J.-F. (2014). La vogue des

compétences dans la formation des enseignants: bilan critique et perspectives d’avenir.

Québec: Presses de l’Université Laval]. Nouveaux cahiers de la recherche en éducation,

17 (2), 178–182. https://doi.org/10.7202/1030892ar

Recension

Tardif, M. et Desbiens, J.-F. (2014). La vogue des compétences dans la formation des

enseignants: bilan critique et perspectives d’avenir. Québec: Presses de l’Université Laval.

Présentation

L’objectif général de cet ouvrage collectif international coordonné par Maurice Tardif

et Jean-François Desbiens est de porter un regard critique sur la notion de «compétences»

qui sert, depuis plus de 20 ans, d’organisateurs et d’analyseurs conceptuels en formation

à l’enseignement, mais aussi dans l’exercice de la profession enseignante. Réunis en dix

chapitres, les textes présentent une synthèse de réflexions et de travaux francophones

concernant la formation d’«enseignants compétents». L’ouvrage est organisé en deux parties.

La première partie comprend cinq textes généraux portant sur les fondements conceptuels

des compétences ainsi que sur leur place à l’intérieur des cadres institutionnels ou sociaux

globaux au Québec et en Europe. La deuxième partie regroupe des recherches empiriques

et des démarches expérientielles ciblant divers aspects de la formation des enseignants à

propos des compétences incluant les stages, la formation pratique, les cours théoriques, la

reconnaissance des acquis d’expérience et la fin du parcours de formation à l’enseignement.

En posant d’abord les fondements de la compétence, le premier chapitre proposé

par Philippe Perrenoud tente de répondre à trois questions cruciales: 1) À quel niveau

d’abstraction convient-il de situer le référentiel de compétences? 2) Quelles compétences

faut-il développer en formation initiale et à quel point doivent-elles l’être? 3) Est-ce que la

formation des professeurs se limite à un ensemble de compétences? Le deuxième chapitre

rédigé par Philippe Jonnaert pointe la faiblesse de la cohérence interne du document

intitulé: «La formation à l’enseignement: les orientations, les compétences professionnelles»

Vol. 17, no 2, 2014

(Gouvernement du Québec, Ministère de l’Éducation, 2001). Ce regard critique s’appuie sur

des données extraites de l’analyse de deux dimensions: d’une part, la cohérence entre

l’approche utilisée dans le programme et les orientations précisées dans le cadre d’orientation

curriculaire et, d’autre part, la cohérence entre la formalisation des compétences dans le

programme et les caractéristiques d’une compétence précisées dans le document lui-même.

Les résultats de l’analyse permettent à Jonnaert de constater «que les compétences pour

la formation professionnelle des enseignants au Québec restent à formuler clairement

et complètement» (p. 55). Dans le troisième chapitre, Maurice Tardif et Véronique Jobin

dressent un bilan critique de 20 ans de réforme québécoise. Dans un premier temps,

les auteurs décrivent l’actuel système de formation des enseignants avec les principales

réformes qui l’ont marqué et l’organisation qui en a résulté. Dans un deuxième temps, ils

discutent des enjeux et des difficultés qui semblent affecter l’implantation de ces réformes

dans les programmes de formation initiale à l’enseignement. En troisième lieu, ils traitent

des perceptions et des évaluations des étudiants, les nouveaux diplômés et les enseignants

à propos de leur formation. Bernard Wentzel, dans le quatrième chapitre, propose un

texte qui rend compte d’une analyse documentaire portant sur la place de l’approche par

compétence dans la construction d’orientations et d’objectifs politiques communs à l’Union

européenne (UE) qui met en exergue le manque de profondeur théorique de cette dernière.

En étudiant la manière dont les enseignants répondent à l’approche par compétences (APC)

dans la Communauté française de Belgique, le cinquième chapitre écrit par Arnault Deltour

et Éric Mangez tente de déterminer les aspects de l’APC qui suscitent les critiques et ceux

qui remportent une certaine adhésion. Dans le sixième chapitre, Enrique Correa Molina et

Colette Gervais situent l’utilisation du concept polysémique de compétence dans le contexte

de la formation initiale à l’enseignement en s’appuyant sur des résultats d’études qui traitent

de sa pertinence dans les stages. Les auteurs avancent principalement deux arguments

pour défendre l’intérêt et la pertinence de ce concept: 1) la compétence offre un cadre pour

comprendre la pratique professionnelle; 2) la compétence redonne du sens au concept

d’alternance en formation professionnelle. Ahmed Zourhlal et Sandra Coulombe proposent

dans le septième chapitre une réflexion critique du processus de reconnaissance des acquis

disciplinaires (RAD) au baccalauréat en enseignement professionnel dans une université

Nouveaux c@hiers de la recherche en éducation, vol. 17, no 2, 2014, p. 178 à 182 179

québécoise. Ils remettent notamment en question la perspective professionnalisante

de la RAD dans le contexte de l’approche par compétences et analysent comment cette

composante de la formation contribue au développement des compétences professionnelles

propres à l’enseignement. En s’appuyant sur leur expérience de responsables de cours en

gestion de classe, Cecilia Borges et Annie Malo soulèvent dans le huitième chapitre les

enjeux et les possibilités de soutenir le développement des compétences dans les cours

théoriques à l’université. Les auteures reprennent les propos du CAPFE qui mentionne que le

référentiel de compétences du ministère de l’Éducation du Québec serait «sous-utilisé dans

les cours dits théoriques» (CAPFE, 2011, p. 10) bien que les compétences soient au coeur

de la formation. Le neuvième chapitre rédigé par Jean-François Desbiens, Jaouad Alem et

Bruce Oddson présente les résultats d’une analyse secondaire de données obtenues par

Bidjang et al. (2005). Cette analyse porte sur l’appréciation par 401 personnes enseignantes

associées du niveau de maitrise des compétences en enseignement de stagiaires finissants

réalisée à l’aide du référentiel québécois publié en 2001. Leurs résultats amènent le lecteur

à remettre en question la façon dont il faut utiliser le référentiel pour évaluer et interpréter

le niveau de développement des compétences des stagiaires en enseignement. Le dernier

chapitre écrit par François Vandercleyen, Ghislain Carlier et Yves Devilllers fait état d’une

recherche réalisée en Belgique francophone, qui montre comment l’expérience des

enseignants associés (EA) génère une redéfinition, voire une reconstruction du référentiel

de compétences prescrit. Les résultats mettent en évidence, entre autres, la façon dont les

EA déclarent opérationnaliser ce référentiel à partir de leurs propres conceptions du métier

d’enseignant et d’accompagnateur de stagiaires.

Point de vue

Cet ouvrage s’avère particulièrement intéressant pour l’ensemble des acteurs qui oeuvrent

dans la sphère éducative, du préscolaire à l’université. Il permet en effet de comprendre avec

discernement la vaste portée de la vogue des compétences dans la formation des enseignants

et ainsi de développer un regard critique par rapport à ce concept controversé. Ce livre

a également pour intérêt de proposer plusieurs définitions de la notion de compétences,

Recension 180

grâce à l’éventail d’approches suggérées par les auteurs qui y ont contribué. Chaque auteur

apporte son point de vue à la lumière de ses propres recherches. Plusieurs textes traitent des

fondements conceptuels de l’approche par compétences, que ce soit au Québec, en Belgique

ou ailleurs en Europe et amènent ainsi le lecteur à se saisir des différentes nuances nécessaires

à une compréhension élargie du concept. Par ailleurs, les textes abordant la formation

initiale des enseignants par le biais de l’approche par compétences sont diversifiés pour ainsi

répondre à plusieurs questions. Ils font état autant de résultats de recherches empiriques que

de textes critiques portant sur l’approche par compétences. Ils tendent à préciser le sens que

donnent les enseignants en formation à cette approche ainsi que la pertinence du concept en

formation pratique des enseignants. Certains responsables de programmes se questionnent

également sur le développement des compétences à l’intérieur de cours théoriques. Cette

richesse s’exprime aussi par la variété des méthodes utilisées, qu’elles soient qualitatives

ou quantitatives. À ce propos, signalons que certains textes requièrent un minimum de

connaissances statistiques afin d’apprécier leurs résultats (voir chapitres 5 et 9). Nonobstant

ce constat, les auteurs de ces chapitres explicitent les résultats et les rendent facilement

intelligibles pour les néophytes en méthodes quantitatives. Bien que l’ouvrage regroupe la

collaboration de plusieurs chercheurs étrangers, il est à noter que les textes faisant référence

au référentiel de compétences du Québec sont fortement représentés (sept textes sur dix).

Si seulement trois textes abordent des compétences à l’extérieur du Québec, notamment

en Belgique et en Suisse, il demeure intéressant pour le lecteur de prendre connaissance

des différences substantielles qui caractérisent les référentiels de compétences européens

comparativement au référentiel québécois. À la suite de la lecture des différents chapitres, le

lecteur retiendra que les référentiels de compétences dans le champ de l’éducation sont loin

d’être complètement actualisés et de faire l’unanimité, que ce soit auprès des praticiens ou

des chercheurs, autant au Québec qu’en Europe francophone. En ce qui a trait à la lecture

de l’ouvrage, il est possible pour le lecteur de débuter avec le chapitre qui rejoint davantage

ses intérêts. En effet, il est concevable pour ce dernier de saisir en partie ou complètement la

nature de l’approche par compétences, nécessaire à la compréhension du chapitre puisque

chacun des chapitres introduit certains fondements de l’approche par compétences de façon

plus ou moins étendue, selon l’essence du texte.

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En guise de conclusion, les directeurs de l’ouvrage décrivent les perspectives d’avenir de

l’approche par compétences qui, selon eux, doivent passer par le stage en enseignement,

car il présente un «très fort potentiel de développement professionnel» (p. 263). Toutefois, il

semblerait que le stage ne parvienne pas toujours à «s’actualiser pleinement, notamment en

raison de la difficulté chronique à connecter les différents milieux de formation de manière

cohésive» (p. 263). Partant, les auteurs suggèrent qu’il serait pertinent de prioriser cette

problématique dans des recherches futures.

Jonathan Chevrier

Étudiant au doctorat

Faculté d’éducation

Faculté des sciences de l’activité physique

Université de Sherbrooke

Recension 182

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La vogue des compétences dans la formation des enseignants

En Amérique du Nord et en Europe, c'est à partir de la fin des années 1980 que la vogue des compétences envahit le monde scolaire, les programmes d'enseignement, l'activité enseignante et, dans la même foulée, tout le domaine des formations aux professions de l'enseignement. À partir de là, les anciens programmes scolaires organisés par objectifs et par contenus de connaissances sont retraduits en programmes par compétences. La formation des enseignants subit la même opération de traduction et les anciens programmes se voient désormais fondés sur des référentiels de compétences. D'où vient cette vogue et qu'est-ce qui explique l'apparent engouement à l'endroit des compétences sur le plan tant des politiques que des réformes éducatives ? Comment les caractériser par rapport aux conceptions plus anciennes de la formation scolaire et du personnel enseignant ? En quoi modifient-elles les enjeux liés à la formation, à l'évaluation ainsi qu'à la qualification du personnel enseignant ? Quel sort est réservé aux connaissances issues de la recherche sur l'enseignement, mais aussi aux traditions scientifiques et critiques issues des sciences sociales et humaines, lorsqu'elles passent à la moulinette des compétences ? Pour traiter de ces questions, cet ouvrage réunit certains des meilleurs chercheurs et spécialistes des compétences en formation des enseignants.