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Brève introduction présentée dans le cadre du Forum Gouvernance Internet, à Paris, le mardi 2 juin 2015

Le texte seul peut être lu sans les diapositives. On peut le télécharger au format pdf (87 Ko) :

transhumanisme_surveillance.pdf

 

Transhumanisme et surveillance.

Révolté contre la vieillesse, la maladie, la souffrance et la mort, le jeune prince Siddhartha a quitté famille, pouvoir et richesse, vers le 5e siècle avant JC. Devenu moine, il s’était juré d’errer en ascète jusqu’à trouver la cause de ces quatre malheurs des hommes. L’illumination vint.
Méditation, puissance intérieure, règles éthiques. Voilà ce que fut sa réponse.


Siddhartha est devenu Bouddha.

Aujourd’hui, certains acteurs, par exemple Google, visent explicitement à combattre, eux aussi, la vieillesse, la maladie, la souffrance et la mort.
La compagnie est chef de file du courant transhumaniste qui a pour projet de transformer le monde et l’humanité.
On est passés de l’informatisation de documents à l’informatisation des hommes.
On est passés de gains de productivité à la réparation des handicaps et blessures, puis à l’augmentation des pouvoirs et enfin au remplacement de l’humain.
On est passés des amples visions d’âge de l’information, d’âge de la mémoire et d’âge des connaissances — comme celles de Paul Otlet ou de Vannevar Bush — à des cauchemars destructeurs.

Un artiste est très emblématique de notre sujet. Il a toujours refusé la médiatisation, la notoriété, le référencement. Et pourtant il est devenu une référence majeure des écoles de cinéma. Il s’agit bien sûr de l’écrivain et cinéaste Chris. Marker.
Avec la concision qui le caractérise, il a résumé ainsi le 20e siècle :
« Les lendemains qui informatisent peuvent être aussi redoutables que ceux qui chantent. »
Et aussi :
« Je revendique pour les hommes le droit d’être un peu seuls. »
La seconde citation est une allusion mot pour mot à l’article The right to privacy de Louis Brandeis, paru en 1890 dans la prestigieuse Harvard Law Review : “The right to be let alone.” À l’origine conçu comme protection contre la presse intrusive. Ce texte a fondé ce qui fut l’un des piliers du système juridique des États-Unis.
On ne peut pas soupçonner Chris. Marker de technophobie ou de néoluddisme. Early adopter des premières heures du Macintosh et du Minitel, il est l’auteur d’œuvres multimédias. Son film Level five est construit sur une métaphore de jeu vidéo. Et son avatar le chat Guillaume-en-Égypte a réalisé des expositions sur Second Life.

Le transhumanisme, à bien y regarder, n’est pas professé par une secte. Plus qu’un simple courant d’idées, c’est un projet d’État, mené de concert par des agences publiques, des laboratoires de recherche, des entreprises, des médias. C’est un projet de conquête du monde.
La stratégie scientifique a été définie par la National Science Foundation dès juin 2002 dans le rapport Converging Technologies for Improving Human Performance, sous-titré Nanotechnology, Biotechnology, Information Technology and Cognitive Science, les devenues fameuses NBIC.