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La Société automatique. 1. L'avenir du travail

Auteur Bernard Stiegler  Éditeur Fayard

Bernard Stiegler tresse une pensée (éternelle) de l’être et une pensée (actuelle) de la technique – en l’occurrence « la nouveauté insigne du pharmakon numérique ». Une lecture exigeante pour un enjeu essentiel: construire une authentique société du savoir.

Bernard Stiegler, Automatisation, Philippe Nassif, Économie, Partage, Savoir-faire

1_Prolétarisation de la théorie

L’ère du capitalisme industriel atteint son point de « prolétarisation » ultime. Après la perte du « savoir-faire » des travailleurs – provoquée au XIXe siècle par le machinisme –, après la perte du « savoir-vivre » des consommateurs – provoquée au XXe siècle par le marketing –, Stiegler soutient, avec un effet de vérité certain sur son lecteur, que c’est la perte du « savoir-théorique » des citoyens qui, aujourd’hui, menace. En effet, la « gouvernementalité algorithmique » induite par les big data (la masse des données numériques), anticipant nos faits, nos gestes et nos choix, « automatise » nos attentes. Mais aussi « dé-cultive » notre liberté de raisonner, de synthétiser, de concevoir des manières singulières – plutôt que moyennes – d’avancer.

 

2_Désautomatiser les automatismes

Stiegler n’oppose pas la technique à la vie. Il démontre même que l’invention technique est au fondement même de l’humanité. L’homme est l’animal qui se dote d’organes artificiels (silex, écriture ou numérique): il ne cesse d’extérioriser sa puissance d’être dans de nouveaux automatismes. Mais, toujours, il préserve une capacité à « désautomatiser », à bifurquer, à prendre une décision, à sortir du cadre… Bref, à penser. Or toute pensée nous vient de notre faculté de rêver, et donc d’élaborer de nouvelles tekhnes afin de réaliser nos rêves. Telle est la vie du désir que Stiegler appelle « les intermittences de l’âme » et que le capitalisme « 24/7 » est en train d’étrangler.

 

3_Économie de la contribution

Face à la destruction annoncée, d’ici à une ou deux décennies, de plus de la moitié des emplois salariés par la robotisation, il s’agit donc de travailler à la sortie de l’organisation « tayloriste, keynésienne et consumériste ». Et d’inventer alors une « économie de la contribution », fondée sur une pratique et une politique du savoir – par où se crée la nouvelle valeur. Cela passerait, d’une part, par une généralisation du régime des intermittents, fondé en 1946 en France, redistribuant non pas des salaires, mais le « temps libre » permis par l’automatisation. Et, d’autre part, par la mise en œuvre d’une « technologie digitale herméneutique » où chacun pourrait participer à l’interprétation des nouveaux savoirs – faire, vivre, concevoir.

Bernard STIEGLER, la bêtise.mpg